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La conférence de Bernard Picinbono "Genèse et premiers pas de l'Université de Paris-Sud : 1968-1974" aeu lieu le mercredi 12 juin 2024 à 16h à l'Auditorium Pierre Lehmann au bâtiment 200 du laboratoire IJCLab, sur le campus de l'Université Paris-Saclay. 

 

L'enregistrement est sur youtube et est accessible sur la playlist de la SFP Paris-Sud en https://www.youtube.com/playlist?list=PLaEASrX3stq4VjR74_N1CLBIPBAaYkM0u

Genèse et premiers pas l’Université de Paris-Sud (1970-1975)

 

Parler de la Genèse de l’Université de Paris-Sud (UPS) c’est évoquer les événements apparus depuis l’effondrement de l’université fran­çaise au printemps 68 jusqu’à l’élection de son premier président deux ans plus tard. La première partie de cette conférence présentera les points essentiels de cette saga. 

 

Tout commence par l’agitation universitaire paralysant peu à peu le système. Cette agitation n’est pas propre à la France et touche avec des intensités et des motivations très variables la plupart des pays occidentaux. En France toutes les facultés sont touchées mais avec de notables différences d’un point à l’autre. En IDF Nanterre et la Sorbonne sont paralysées alors que la Faculté d’’Orsay est relativement épargnée. Il y a bien quelques amphis de discussions et de polémiques parfois violentes mais jamais de blocage continu et la session des examens de juin 68 se déroule sans difficulté. Au malaise universitaire s’ajoute un malaise social proche de la grève générale qui prendra fin avec les accords de Grenelle fin mai 68. Mais le gouvernement dans ses plus hautes sphères s’inquiète de la rentée de d’octobre. Il fait alors appel à un magicien politique, Edgar Faure, avec une forte équipe dont certains membres d’Orsay, et aboutira à la loi du 12 novembre 68. Celle-ci inaugure une véritable révolution dans le paysage universitaire français. Il convient d’en présenter les idées-fortes :1. pluridisciplinarité, 2. participation et 3. autonomie. 

 

L’université nouvelle est un établissement public composé d’ensembles plus petits dénommés UER (Unité d’enseignement et de recherche). La condition (1) interdit de constituer une université complète avec deux facultés de même discipline. C’est est donc fait du rêve de certains disciples du Doyen Zamanski de faire une université se limitant à la réunion de Jussieu et d’Orsay (l’ancienne faculté des sciences de Paris avant la coupure avec Orsay en 1965). Même conclusion pour une université se limitant à l’ancienne Sorbonne. La condition (2) enterre le système ancien de gestion par une assemblée de professeurs dirigée par un doyen dont le titre disparait. Dès lors toutes les catégories de membres de l’UPS, y compris les étudiants, auront la possibilité d’être membre de toutes les instances de décision selon un dispositif dépendant de procédures locales ou nationales à déterminer. Quant à l’autonomie elle reste plus un vœu de principe et la preuve en est que plusieurs décennies après cette loi une autre affirmera renforcer cette autonomie et l’on peut deviner que ce sera nécessaire avec des textes ultérieurs tant il est difficile pour l’Etat d’accorder une pleine autonomie à des établissements publics dont le financement est très majoritairement public.

 

La magie non explicitée de la loi Edgar Faure consistait à rendre le système séduisant pour beaucoup mais suffisamment complexe à être mis en oeuvre pour transformer la colère des revendications de mai 68 en producteurs de textes administratifs. Ceci fut la tâche de l’année 1969. La constitution de l’UPS fut relativement aisée. Elle comportait tous les lieux d‘enseignement et de recherche universitaires situés au sud du périphérique. La pluridisciplinarité était assurée puisque l’UPS comportait toutes les disciplines sauf les lettres, avec en plus trois IUT. J’ai peu participé à la constitution des UER du campus d’Orsay étant pendant plusieurs mois en séjour à l’université de Californie (Berkeley). Mais étant responsable du département de Physique, instance non prévue par la loi mais assurant la cohérence des enseignants de Physique à Orsay, je suivais sans responsabilité particulière la création des 8 UER du campus et du conseil provisoire assurant pendant la période de transition vers nouveau système. L’ensemble des statuts des UER et de l’université fut déposé à la date prévue et approuvé par le Ministère. L’UPS pouvait commencer à fonctionner selon les nouvelles règles à l’automne 1969 et son premier acte consistait à en élire son président. Après d’assez longues péripéties et de nombreux refus de se présenter, on m’a convaincu de me lancer dans l’aventure. Un vote au premier tour de scrutin mettant fin à la période de genèse et ouvrant celle de ses premiers pas. 

 

Mon premier acte fut de choisir un secrétaire général qui n’était pas du sérail et un nouvel agent comptable, de sorte que les deux postes essentiels du nouveau système ne soient pas piégés dès le départ par d’anciennes habitudes. Les statuts prévoyaient l’existence d’une commission permanente issue d’un conseil d’université de 80 membres et d’un vice-président pour chacun des quatre campus rattachés à l’université et nommés par son conseil. Dans les 5 ans de mon mandat non renouvelable j’eus la chance de trouver des collaborateurs exceptionnels : Michel Steinberg et Jacques Haïssinski.

Il est inutile d’entrer dans le détail des problèmes arrivant à mon bureau. Je n’en présenterai que deux qui m’ont le plus occupé. Le premier concerne la recherche largement oubliée par la loi Faure et particulièrement importante à Orsay où l’université était soutenue par plusieurs organismes nationaux. Le second consistait à découvrir les défauts du système adopté par les constituants et à réaliser ce qui ne s’est passé dans aucune autre université française, soit un changement complet des structures de l’UPS. La conférence en discutera les raisons, les modalités et présentera les péripéties pour y parvenir. 

 

B. Picinbono 

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